Redevenons les artistes de nos vies 1: la réalité est un rêve
Le Dalaï-Lama disait: "tout le monde parle de la paix mais on ne peut réaliser la paix extérieure si l'on héberge en soi la colère et la haine". C'est ce message de bon sens que j'ai voulu transmettre dans mon livre la Révolution du Coeur. Il fait l'objet de cetre première série d'articles qui inaugurent l'ouverture du blog du site www.chamanisme-vivant.webnode.fr. Ce section me permettra de transmettre de nombreux outils gratuits et sous une forme concise et simple. Pourquoi un enseignement aussi simple sur la paix est-il si important à mes yeux aujourd'hui ? Je crois que nous vivons une époque particulière où les êtres humains ont perdu conscience de qui ils sont et de leur raison d'être sur Terre. Cela a donné naissance à une civilisation souffrante qui se veut moderne.
Au sein de cette civilisation tentent de survivre
les anciennes traditions, comme le chamanisme, en s'adaptant, en
s'enrichissant de ce qu'il y a de meilleur dans la modernité sans
laisser de côté le savoir ancestral, ou en résistant lorsqu'elles
se voient menacées. Nous assistons aussi à une multiplication
d'enseignements alternatifs plus ou moins valides souvent intégrés
en Occident dans la galaxie du New Age. Cette ère avait été
annoncée dans le traité d'astronomie Surya
Siddhanta,
base des calendriers bouddhistes et hindous. Notre ère y est appelée
Kali Yuga
(l'âge de fer) pour les hindous et époque de la fin de la loi pour
les bouddhistes. Pour sortir du Kali
Yuga,
les écrits disent qu'un avatar de Vishnou viendra sauver l'humanité.
Dans le bouddhisme, nous retrouvons la prophétie de la venue du
mahasattva Maitreya.
Tout comme mon maître zen Thich Nhat Hanh, je suis intimement convaincu que Maitreya n'est pas une personne mais désigne toute l'humanité et que nous sommes tous ce fameux avatar venu guérir l'humanité et la libérer. La voie que propose le chamanisme Ekayana est une révolution du coeur. Elle consiste à reprendre conscience de notre vraie nature, de la nature de la réalité, de l'origine de la société dans sa forme actuelle, et à redevenir les artistes de nos vies, les créateurs de notre réalité.
1.Notre réalité est un rêve dont nous sommes les rêveurs
Notre réalité est un rêve dont nous sommes les rêveurs.
C'est là l'enseignement phare du chamanisme. Ce rêve est composé
des accords que nous avons passés ou que nous passons avec nous-même
sur ce que nous allons considérer comme vrai ou faux, bon ou
mauvais, pour nous. Il faut peu de choses pour vérifier la validité
de cette affirmation. Je vais vous prendre un exemple personnel. Je
me suis promené avec mon fils de deux ans pour aller dans un parc.
Alors que j'étais admiratif du beau temps qu'il faisait et vivait la
joie de ce moment entre père et fils, mon fils lui était en train
de découvrir les véhicules, les camions de chantier, les bus que
nous croisions sur la route. C'est en échangeant avec lui une fois
arrivé et en regardant les jeux auxquels il jouait à la maison que
j'ai constaté qu'il avait vécu un vrai voyage de découverte du
milieu urbain.
Nous avons donc vécu deux voyages magiques dans nos
rêves respectifs et nous nous sommes enrichis mutuellement en
partageant sur nos deux expériences ensemble. Ces accords qui
composent nos rêves, qui font la partition avec laquelle nous allons
jouer la mélodie de notre vie sont le fruit de nos expériences, de
notre vécu. Parfois ils sont imposés par la société, l'époque,
le contexte dans lequel nous vivons, et parfois nous les forgeons
nous-même en vivant tout simplement. Plusieurs rêveurs
peuvent s'associer plus ou moins consciemment pour faire un rêve
collectif. Le couple, la famille, la société, sont des exemples de
vastes rêves collectifs. Si une société a pris pour accord le fait
de devoir
formater ses membres de gré ou de force et de catégoriser les
écarts à la norme imposée alors elle peut donner naissance des
rêves individuels de souffrance.
Dans mon mémoire sur l'histoire de la dyslexie, j'ai démontré de façon scientifique et historique comment notre société occidentale a utilisé la médecine et l'école pour imposer une norme de pensée. Elle les a également utilisées pour pathologiser les écarts à la norme. Ainsi, les personnes qui ne rentraient pas dans la norme devenaient des malades à soigner, alors qu'elles étaient simplement différentes ou souffraient de troubles qui ne nécessitaient pas une étiquette ou une identité.
2.Nous créons notre réalité à partir d'accords
Les
accords qui composent nos rêves peuvent aller dans le sens de notre
épanouissement, être neutres ou nous causer des souffrances selon
s'ils conditionnent des actions engendrant un karma positif, neutre
ou négatif. Nous définissons alors trois genres de rêves que nous
pouvons retrouver à l'échelle individuelle et collective : le rêve
de l'esclave, le rêve du guerrier et le rêve du maître. Le rêve
de l'esclave est un rêve de souffrance. Nous y sommes prisonniers de
la petite voix désagréable, du parasite qui va nous répéter sans
cesse les accords erronés auxquels se soumettre, nous faire voir la
réalité de façon dualiste, nous faire croire que nous avons un
soi, un ego auquel s'attacher. Ce rêve est le fruit de la
domestication et du karma négatif que nous avons créé dans nos
anciennes vies et dans cette vie-ci.
La domestication désigne le
mode d'éducation selon lequel nos parents, notre famille et la
société dans laquelle nous naissons nous imposent selon un système
punition-récompense leurs propres accords, accords qui seront
souvent limitants et erronés. Dans le rêve du guerrier, nous
prenons conscience de la domtestication et de ses fruits, et nous la
combattons. Nous nous déconditionnons. Nous nous nettoyons de nos
accords erronés et transformons notre karma. Nous commençons à
dire non au dictateur intérieur et à parler en notre nom, à
aspirer à la libération.
Enfin, dans le rêve du maître, nous sommes libérés de la dictature intérieure et éveillé. Nous percevons la vacuité et l'unité de toute chose intuitivement, sans avoir recours aux concepts, et vivons en paix dans le moment présent. Nous voguons sans cesse entre ces trois rêves et la pratique vise à nous maintenir dans le rêve du maître. Ainsi, l'enfer et le paradis ne sont pas des lieux mais des états d'esprit et, quant au paradis, il est accessible ici et maintenant dans cette vie.
3.Le Mitote: le rêve de la planète et ses trois mensonges
Des
accords erronés et des rêves de l'esclave des individus est né
dans notre ère un rêve d'esclave collectif : le rêve de la planète
ou Mitote
pour reprendre l'expression du chaman toltèque Don Miguel Ruiz. Ce
rêve est l'exact reflet du rêve d'esclave des individus composant
la société. Il a ses accords erronés et limitants et les actions
néfastes qui en découlent, ainsi que son dictateur intérieur, son
parasite, qui répète sans cesse les accords et les jugements
négatifs.
Ce rêve se basent sur trois mensonges évoqués dans le film documentaire En quête de sens de Nathanaël Coste et Marc de la Ménardière, sorti en 2015. Ces trois mensonges s'apparentent à trois accords erronés qui causent de terribles souffrances aujourd'hui et qui sont relayés et répétés dans les familles, dans les écoles, dans les médias, et dans toutes les sphères de nos sociétés soi-disant modernes :
1. Le monde va mal ;
2.Vous n'y pouvez rien ;
3. Faites confiance aux experts.
Le premier mensonge nous plonge dans la détresse dès l'enfance et
nous coupe de la beauté de la vie. L'enfant vit naturellement dans
l'instant présent et voit facilement la beauté du monde. Il
s'émerveille de tout et s'enthousiasme pour tout et c'est ce qui en
fait sa force tant pour apprendre que pour créer. Ce mensonge met
fin à cette force. Le deuxième coupe notre confiance en notre
capacité à créer et changer les choses dans la vie.
Enfin, le troisième mensonge nous apprend la soumission et l'obéissance et nous oblige à cultiver la limitation de notre capacité à créer notre réalité, à rendre les autres mensonges durables et solides. Pourquoi irions-nous voir le monde autrement ou essayer de changer les choses alors qu'il y a des gens qualifiés pour cela ? Le mitote, c'est le rêve de la société à l'époque du Kali Yuga, le rêve de notre société actuelle.